Bonjour Romain. Peux-tu te présenter et nous expliquer ton parcours ?

J’ai été gardien de but de mes 4 ans jusqu’à mes 23 ans. J’ai principalement joué dans le club du FC Chambly, jusqu’à ce que je subisse la fameuse blessure des ligaments croisés lors d’un entraînement spécifique.

Qu'est-ce qui t'a poussé à devenir entraîneur des gardiens de but ?

C’est cette blessure des ligaments croisés qui m’a tout simplement poussé à devenir entraîneur des gardiens.

Je savais, au fond de moi, qu’après cette blessure, le football de compétition serait compliqué pour moi. À ce moment-là, je me suis dit que j’aimerais continuer à travailler dans le football et transmettre ma passion pour le poste de gardien de but.

Quels sont les principaux défis que tu rencontres au quotidien dans ton travail avec les gardiens ?

Mon principal défi est de préparer mes gardiens à être performants le week-end grâce au travail effectué durant la semaine. Cela passe par l’analyse des situations qui les ont mis en difficulté et par l’anticipation des points forts de l’adversaire à venir.

L’objectif est de trouver un équilibre pour qu’ils se sentent confiants et prêts à gérer les situations qu’ils rencontreront en match.

Quelles qualités recherches-tu chez un gardien de but, au-delà de la technique pure ?

La première qualité que je vais observer et approfondir, c’est l’état d’esprit. J’apprécie les gardiens qui ont soif d’apprendre, de comprendre et qui sont de véritables travailleurs. Ensuite, j’évalue leur mentalité, un aspect crucial pour travailler dans un environnement serein et permettre aux gardiens de maîtriser pleinement leur rôle.

Sur le plan mental, le calme et le charisme sont également des qualités essentielles. Un gardien doit, sans en faire trop, être capable d’attirer l’attention de son équipe et de transmettre les émotions qu’il souhaite communiquer.

Peux-tu nous décrire une séance type d'entraînement pour un gardien de but à l'ASBO ?

Le contenu des séances évolue naturellement en fonction des jours de la semaine. Par exemple, lors d’une reprise, comme un lundi, on se concentre principalement sur le travail technique et les déplacements. Le mardi, qui correspond à une séance intense pour le groupe, on met davantage l’accent sur l’aspect physique, en fonction du thème du jour (aérobie, explosivité, etc.).

Le mercredi est consacré à l’analyse de l’adversaire du week-end à travers des exercices en grand jeu, axés sur le travail tactique. Le jeudi, on poursuit avec des situations spécifiques en lien avec l’adversaire. Enfin, le vendredi, toujours en rapport avec un point fort de l’adversaire, on travaille sur la vitesse de réaction et les aspects cognitifs.

Quelle place accordes-tu à la préparation mentale pour un gardien, un poste souvent solitaire et sous pression ?

Selon moi, le mental représente 80 à 90 % de la performance d’un gardien, que ce soit à l’entraînement ou en match. Mon rôle consiste à identifier les moments où mes gardiens traversent une période difficile et à essayer de comprendre pourquoi. Ils doivent ressentir ma confiance, et je me dois d’être présent pour eux, même lorsque leurs préoccupations n’ont rien à voir avec le football.

Être avec eux au quotidien me permet de mieux connaître leurs habitudes et leur zone de confort. L’un des aspects les plus importants pour moi est de réussir l’échauffement d’avant-match, car il conditionne souvent leur performance. Je dois trouver le bon moment pour leur parler, choisir les mots justes et les encourager de manière efficace.

En tant qu'entraîneur des gardiens, comment travailles-tu avec le reste du staff technique pour assurer la cohérence de l’équipe ?

Avec le nouveau staff, nous avons rapidement trouvé nos marques, et tout se passe très bien. Nous échangeons en permanence sur les contenus, les formes ou les méformes des joueurs. En plus de mon travail avec les gardiens, je suis également en charge des coups de pied arrêtés offensifs et défensifs. C’est un rôle qui me passionne, car ces phases de jeu sont bien plus importantes qu’on ne le pense.

Par ailleurs, notre rôle évolue constamment. Autrefois limité à effectuer des frappes pour nos gardiens, nous avons désormais une fonction de véritables adjoints, impliqués dans la résolution de problématiques tactiques ou dans le travail sur les coups de pied arrêtés. C’est un aspect du métier que je trouve particulièrement passionnant.

Quels sont les aspects du jeu que tu penses qu’un gardien moderne doit maîtriser (jeu au pied, anticipation, communication, etc.) ?

Le jeu au pied occupe évidemment une place essentielle dans le rôle du gardien de but aujourd’hui. Cependant, on a parfois tendance à oublier que sa mission première reste de défendre son but et d’être le plus décisif possible. Il est donc crucial de travailler le jeu au pied sans négliger les autres aspects tout aussi importants.

Pour moi, un gardien moderne doit de plus en plus être capable de comprendre le jeu dans sa globalité, d’un point de vue tactique. Il doit savoir lire et anticiper le jeu, que ce soit dans les phases défensives ou même offensives de son rôle.

Que conseillerais-tu à un jeune gardien qui aspire à évoluer dans des clubs de plus haut niveau ?

Le travail et la mentalité, il n’y a rien de plus important. À un certain niveau, c’est l’aspect mental qui fait toute la différence. Savoir avoir confiance en soi tout en conservant l’humilité nécessaire pour écouter les conseils et rester les pieds sur terre est essentiel.

Rédaction : Paul Coiffier (chargé de la communication de l'ASBO)